Le 23 juillet dernier, Cécile Bigot-Dekeyzer, Préfète des Landes s’est rendue au centre de vacances de la Ligue de l’Enseignement à Cassen afin d’échanger avec les jeunes et les professionnels encadrants. L’occasion pour nous de lui poser quelques questions.

-Quels sont les enjeux des colonies de vacances et qu'apportent-elles aux enfants ?

Les colonies de vacances sont un levier d’émancipation des enfants. Elles constituent une expérience unique dans la vie des jeunes (accès à l’autonomie, rencontre avec les autres) et leur apportent des valeurs importantes pour leur construction personnelle. Dans l’esprit des colonies de vacances pensées par Léo Lagrange, les séjours d’aujourd’hui reposent sur un projet éducatif et un projet pédagogique élaborés par une équipe d’animation qualifiée, donnant la  possibilité  aux jeunes de s’épanouir dans des activités auxquelles ils n’ont pas accès le reste de l’année. 

Cet été 2020 est l’occasion d’affirmer clairement l’implication du gouvernement en faveur d’un dispositif rendant possible le départ de tous les enfants en vacances. Individuellement, il y a pour chaque enfant de réels enjeux au-delà de l’amusement, tant en matière de développement de la personnalité que d’expérience de l’altérité. Partir est une belle occasion de grandir !

- En quoi était-il important que les colonies de vacances aient lieu en cette période ?

Un dispositif inédit a été mis en place cette année dans le cadre des "vacances apprenantes" : les "colos apprenantes". Elles sont destinées à 250 000 enfants de 3 à 17 ans, principalement issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, et gratuites pour les familles les plus défavorisées grâce notamment au soutien exceptionnel de l’État à ce dispositif. 

Elles doivent leur permettre de partir en vacances pour "s'amuser tout en rattrapant une partie de ce qui n'a pas pu être fait pendant l'année scolaire", qui a été marquée par la fermeture des écoles à cause de la crise sanitaire.

Enfin, l’adaptation de l’enfant et de l’adolescent, dans le contexte très singulier de la pandémie de Covid-19, peut grandement différer d’un individu à l’autre. Certains jeunes ont été plus touchés que d’autres par le contexte parfois anxiogène dans lequel nous avons pu vivre ces derniers mois. Pour certains, la période a été d’autant plus difficile que les possibilités de s’évader sont maigres quand les contraintes sanitaires s’ajoutent à de dures réalités sociales et géographiques. La possibilité de partir en vacances est donc vécue par beaucoup d’enfants comme un moment de respiration bienvenu et bienfaisant, une occasion de renouer des relations avec d’autres jeunes et de pratiquer toutes les activités sportives, culturelles… dont ils ont été privés.

-1 enfant sur 3 ne part pas en vacances, cet été cela risque de concerner une plus grande proportion encore. Quels vont être les prochains objectifs et enjeux pour l'année/les années à venir ?

En France, l’an dernier, 900 000 enfants  sont partis en colos. Ils étaient 4 millions à la fin des années 1960. Le « réflexe colo » se perd depuis plusieurs décennies. Le département des Landes n’a pas échappé à cette baisse, jusqu’en 2015, pour atteindre son plus bas niveau à 22 000 jeunes. Depuis, je note une augmentation légère mais constante des effectifs : en 2019 ce sont 24 000 jeunes qui ont été accueillis en colonies dans le département. L’objectif des prochaines années sera de faire progresser ce nombre chaque été.

Pour cela, nous allons mieux communiquer sur les dispositifs mis en place pour aider au départ. Des aides financières sont disponibles, notamment via les Caisses d’allocations familiales, sans compter d’autres dispositifs portés par des centres communaux d’action sociale (CCAS), des communes, des conseils départementaux et certaines mutuelles, comme la Mutualité sociale agricole. Le secteur associatif est également moteur, je pense notamment au Secours Populaire, ou encore à La Jeunesse en Plein Air.

-Plus personnellement, peut-être avez-vous un souvenir de colonie de vacances à nous faire partager ?

J’ai moi-même été animatrice de colonies de vacances, titulaire du BAFA. J’encadrais des enfants de 8 à 12 ans et ai un souvenir extrêmement heureux des vacances passées avec eux. Je me souviens avoir vu grandir au fil des jours leur plaisir à participer ensemble aux activités, leur autonomie se développer, tout comme leur sens des responsabilités et leur attention aux uns et aux autres, au-delà même des amitiés qui se nouaient. C’est très gratifiant d’avoir pu contribuer à l’épanouissement de ces enfants.

-Enfin, plus généralement, comment envisagez-vous le partenariat entre l'État et les mouvements d'éducation populaire ?

Le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse et des sports soutient les actions d’intérêt général des associations de jeunesse et d’éducation populaire, il veille à la sécurité des jeunes fréquentant les accueils collectifs de mineurs et il concourt au développement des politiques éducatives locales favorisant l’accès de tous à des activités de loisir de qualité.

Pour cet été 2020, en complément de l’action permanente des services de la jeunesse et des sports, le dispositif « colo apprenantes » que j’évoquais permet la mobilisation exceptionnelle de 200 000 € pour faciliter les départs au sein des séjours proposés par les associations landaises.