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Edito de Novembre
GRANDE PAUVRETÉ ET RÉUSSITE SCOLAIRE
Jean Paul DELAHAYE, Vice Président de la Ligue de l’enseignement nationale en charge de la laïcité a été une nouvelle fois l’invité de la Ligue de l’enseignement des Landes pour présenter son rapport établit récemment sur la thématique « Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix de la solidarité pour la réussite de tous ».
S’appuyant sur le rapport de l’observatoire des inégalités paru en juin 2019, il fait le constat que « la pauvreté en France augmente régulièrement : 3 millions d’enfants et d’adolescents vivent dans des familles connaissant la pauvreté ,soit 1 élève sur 5, et parmi ceux ci , 1,2 million vivent dans une famille en situation de grande pauvreté soit 1 élève sur 10 et ce, malgré les politiques publiques déployées. »
La réalité de la précarité sociale en milieu scolaire est un fait marquant qui progresse sans cesse depuis plus de 20 ans mais reste une réalité trop peu connue.
Or elle constitue l’un des défis majeurs de notre société car ,vivre en situation de grande pauvreté, c’est vivre en danger humain, social et scolaire.
Face à l’aggravation de la détresse sociale, l’engagement des enseignants et des partenaires de l’école est très généralement bien réel ; l’école joue son rôle mais elle ne peut pas seule réduire les inégalités.
Les diverses formes de fragilités liées à la grande pauvreté que ce soit l’alimentation, la santé, le logement et autres, affectent très fortement les apprentissages et engendrent souvent le décrochage scolaire.
La France reste l’un des pays dans lequel l’origine sociale à le plus d’influence sur les destins scolaires.
Pourtant, nous savons bien que ceux qui échouent à l’école aujourd’hui seront, en grande majorité, les exclus de demain.
Dès lors, ne sommes-nous pas confrontés à « un élitisme social » qui ne veut pas dire son nom ?
Quand les politiques publiques ont laissé se concentrer au même endroit des élèves en grande difficulté sociale ou victimes de la ségrégation ethnique, il est plus difficile de créer une dynamique pédagogique. Notre pays est ainsi doublement fracturé, socialement et scolairement.
Pourquoi est-il si compliqué de travailler à une meilleure mixité sociale et scolaire dans notre pays ? Quelle société préparons-nous si nous ne parvenons pas à faire vivre et à faire apprendre ensemble, au moins pendant le temps de la scolarité obligatoire, dans des établissements hétérogènes, toute la jeunesse de notre pays dans sa diversité ?
Jean Paul Delahaye affirme que « même si personne n’est opposé à la meilleure réussite des enfants de milieu populaire et la prévention du décrochage scolaire qui les touche massivement, la réussite de tous n’est pas nécessairement une priorité partagée par toute la population et ne relève donc pas de l’évidence. Dans une période de crise économique et sociale où la lutte pour les places est plus âpre, la fraternité nécessaire pour la réussite scolaire de tous se heurte inévitablement à des intérêts particuliers qui n’ont pas forcément envie que l’école se transforme. »
Parvenir à dépasser la contradiction entre le besoin de solidarité à l’égard des plus faibles et le mouvement de repli opéré par certains qui croient protéger leurs enfants en les séparant des enfants du peuple, est le défi auquel nous devons répondre.
Faire réussir tous les enfants est une question essentielle pour notre démocratie car on ne peut indéfiniment prôner le « vivre ensemble » sur le mode incantatoire et dans le même temps abandonner sur le bord du chemin une partie des citoyens. Il y va de l’intérêt général car la réussite du plus grand nombre aura des effets bénéfiques sur chacun.
La société ne pourra pas répondre à cette demande « d’égalité scolaire » formulée par les familles les plus pauvres sans un effort collectif de solidarité et, sans doute plus encore, de fraternité. Et cela ne relève pas de la seule responsabilité de l’école.
C’est la pensée qu’ avançait déjà Jean Jaurès en 1906 en affirmant :« Quiconque ne rattache pas le problème scolaire ou plutôt le problème de l’éducation à l’ensemble du problème social se condamne à des efforts ou à des rêves stériles » .
Arlette TAPIAU DANGLA,
Présidente