Skip to main content

Actualités

Edito-Mai2020

Depuis ce mois de mars, la pandémie COVID 19 est venue bouleverser nos vies et nos agendas, réduisant au confinement la moitié de la planète. Elle a tout arrêté avec une violente désinvolture, nous rappelant, sans ménagement, l’extrême fragilité de la condition humaine.

La Ligue de l’enseignement des Landes, contrainte par cette crise sanitaire de fermer ses portes, n’a pas pour autant interrompu ses activités dont certaines ont pu continuer à s’exercer par voie dématérialisée notamment auprès de nos partenaires institutionnels et professionnels, des établissements scolaires, des associations affiliées, des clubs sportifs ou des jeunes bénévoles ...

Et lors de cette continuité d’activité particulière et des réunions de nos instances, a été prise en considération la dimension des conséquences liées à cet événement et de la nécessité de réflexions à mener afin de repenser notre modèle de société.

Chacun a pu constater qu’aujourd’hui, en tous lieux, sous l’immobilité d’un pays confiné, l’ébauche du changement germe, s’enracine, se déploie, laissant poindre des craquelures qui s’élargissent en fissures, faisant espérer des brèches d ’où surgira un monde ignoré.

Cette situation totalement inédite vient se surajouter aux mouvements sociaux des mois derniers qui mettaient en lumière le malaise d’une société basée sur la marchandisation des rapports humains et sur un individualisme exacerbé ; d’un monde miné par de graves inégalités sociales.

Celles ci ont été considérablement aggravées par cette pandémie qui touche durement et de plein fouet les plus démunis.

La « continuité pédagogique » en est un exemple parmi d’autres, car malgré un fort engagement et des trésors d’imagination déployés par les enseignants, elle ne peut que, très rarement, être efficace pour les enfants de familles démunies. L’école est non seulement un lieu d’apprentissage mais aussi un lieu essentiel d’écoute, de relation, d’aide, de médiation et d’interactions sociales qu’aucun ordinateur ne pourra jamais remplacer. De plus, ce dispositif, tout en mettant en lumière les limites du « tout numérique », a révélé les inégalités sociales liées à l’équipement informatique, à l’accès au réseau, mais également à la disponibilité et la capacité des parents à accompagner leurs enfants, du fait de leurs propres conceptions des activités tant scolaires que numériques.

Jean Paul DELAHAYE, administrateur national de la Ligue et auteur du rapport sur «  Grande pauvreté et réussite scolaire » a analysé cette situation en attestant que « La pauvreté de biens engendre une pauvreté de liens ».

Les sévères et inquiétantes conséquences sociales et économiques de cette crise sanitaire ont bouleversé nos vies, et fait vaciller un système qui se jugeait inébranlable. Elles nous engagent fortement à repenser notre société afin de redonner espoir aux générations futures.

Acteurs, militants et bénévoles de l’Éducation Populaire, il nous appartient, ensemble, de contribuer à repositionner le débat après de longues décennies de consommation à outrance qui ont modelé nos comportements, nos attentes et nos exigences .

Tout en prenant en compte le monde d’aujourd’hui, il parait essentiel d’associer les citoyens à la réflexion sur l’urgence d’agir pour interroger nos modes de vie et de pensée, nos modèles économiques, le politique, le travail, la solidarité, l’éducation, la culture, les loisirs, notre rapport à la planète, à la préservation des biens communs et bien entendu, à l’Humain.

Notre Fédération recouvre une large variété de compétences et une véritable richesse dans ses champs d’actions. Cette diversité s’inscrit dans un projet politique qui vise à favoriser une émancipation individuelle et collective ambitionnant l’implication de chacun dans l’espace public et le développement de son pouvoir d’agir pour contribuer à lutter contre les inégalités et les exclusions.

Ce défi, à la fois politique, social et culturel, ne sera pas aisé à relever mais notre mouvement laïque et humaniste se doit d’y contribuer activement en gardant en mémoire la pensée de Victor Hugo :

« Les utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain »

Arlette TAPIAU- DANGLA, Présidente de la Ligue de l’enseignement

Delphine GRELLIER LEGLISE, Présidente de l’USEP

Bruno MINDE, Président de l’UFOLEP